jeudi 12 novembre 2009

Chronique 3

Liberté, je crie ton nom... et personne ne répond

Il y a vingt ans presque jour pour jour, alors que je n’étais même pas encore en voie d’être créée, tombait le Mur de Berlin, événement majeur dont l’histoire a été largement relatée dans les journaux et autres médias dans les derniers jours. Étrange, quand même, que des jeunes qui n’étaient alors même pas nés, comme moi, se soient intéressés à cette histoire, alors que d’habitude il est difficile de les intéresser à l’Histoire avec un grand H.

Ainsi, je me demande, s’agit-il réellement d’histoire ou de liberté?

La liberté, une notion plutôt vague. Le Petit Robert a besoin d’une colonne et presque la moitié d’une autre pour arriver à la cerner. Pour illustrer un peu ce qu’il en dit, voici la première définition : «État, situation d’une personne qui n’est pas sous la dépendance absolue de quelqu’un (opposé à esclavage, servitude).» Bien sûr, je n’énumérerai pas ici toutes les autres définitions, ce n’est pas le but.

Aujourd’hui, on dirait que la liberté est rendue matérielle, c’est quelque chose d’accessoire. On se sert de la liberté comme d’un sac à mains griffé, dans lequel on cache ses grands questionnements philosophiques, de peur d’avoir à y répondre. On traite la liberté comme un animal domestique, sa loyauté nous est acquise, son inconditionnel dévouement, comme si rien ni personne ne pourrait jamais venir s’interposer dans cette idylle vaporeuse.

Je pense qu’il est temps d’apprécier.

D’apprécier cette liberté qui nous est offerte, à nous, Canadiens ou Québécois, quelles que soient vos allégeances politiques. Bombardés par des images d’enfants du tiers monde atrocement maigres, d’histoires à émouvoir une banquise, nous avons commencé à considérer cela comme du quotidien. On se dit : «Ah et puis qu’est-ce que mon petit geste à moi, à l’autre bout du monde, petit humain unique et seul, pourra bien peser dans la balance?» Et puis, au bout du compte, on s’en va faire ce qu’on fait le mieux ; consommer.

Et si on s’arrêtait pour se poser une question?

Sont-ils libres? Ont-ils voté pour un dirigeant despotique? Parlons-en du droit de vote! Nous avons la chance, presque inouïe, il faut le dire, de vivre dans une démocratie. «Le pouvoir au peuple», étymologiquement. Nous avons la chance, le pouvoir, le DEVOIR de voter, d’élire ceux qui nous gouvernent. Et que faisons-nous de cette opportunité? Nous ne la saisissons pas! 38% de participation aux dernières élections municipales à Québec. 38%! À quoi bon « chialer » contre le gouvernement en place si seulement 38% des gens sortent de leur petit confort pour aller poser un geste qui pourra peut-être faire changer des choses!

Ça aussi, c’est la liberté!

Liberté d’expression, liberté d’agir, de penser, liberté de se battre pour ses opinions, liberté de choisir qui on veut être, liberté d’être qui on veut, liberté d’être gai, lesbienne, « bi » ou « hétéro », liberté d’afficher ses préférences, ses allégeances politiques, liberté de lire ce qu’on veut, de voir ce qu’on veut, d’écouter ce qu’on veut, liberté de créer, liberté de croire en ce qu’on veut ou de ne pas croire du tout, liberté d’être blanc, noir, jaune, rouge, vert, turquoise si ça nous chante! Liberté d’être Québécois, Canadien, Américain, Terrien! Liberté d’aider les autres, liberté de faire un geste pour la planète, liberté de faire un geste pour les moins libres.

Réfléchissez bien, c’est quoi la liberté pour vous?

Pour moi, ici, maintenant, la liberté c’est de pouvoir écrire cette chronique, d’avoir une tribune pour la publier et de ne pas craindre pour ma vie.

Pour moi, la liberté, c’est d’être moi et de le savourer chaque jour!
(607 mots)

jeudi 29 octobre 2009

Chronique 2

Simone de Beauvoir se retournerait-elle dans sa tombe?

«Les femmes sont compliquées» me lançait un ami il y a quelques jours. En bonne féministe, je lui répondis que les hommes ne le sont pas moins. S’ensuivit un débat virulent. Évidemment, le sujet étant millénaire, nous n’avons rien réglé sur le coin d’une table de café étudiant, mais la question reste.

Y a-t-il une réelle différence entre les hommes et les femmes?

Biologiquement, de nombreuses études ont répondu à cette question par l’affirmative. Question d’hormones et tout ça. Cependant, y a-t-il réellement un sexe plus compliqué que l’autre? Ou les hommes et les femmes ne tentent-ils pas seulement de pallier aux différences en tentant de se mettre au diapason de l’autre, compliquant ainsi les relations? Devant cet ami, je défendis férocement la position des femmes, affirmant qu’elles ne sont pas toutes compliquées, mais maintenant, la question se pose et mes positions se nuancent.

Je crois qu’une partie du problème réside au tout début, dans ce que les générations précédentes ont cru de toutes leurs forces ; la Bible. Dans la Genèse, il est dit qu’Ève est née d’une côte d’Adam. Je crois qu’à ce moment-là, le barbu a tout compliqué. Il a crée de la femme un sous-être, un « sexe faible » condamné aux travaux forcés, mariage-bébé-nettoyage, tandis qu’il a fait de l’homme l’être suprême, « à son image ». Ainsi, la Bible a cantonné la femme dans un rôle traditionnel. Cependant, le livre sacré ne fut-il pas écrit par des hommes?

Et s’il en avait été autrement?

Si l’homme avait été crée d’une côte d’Ève? Puisque, après tout, ce sont les femmes qui enfantent. Qu’en serait-il du rôle de la femme aujourd’hui? Aurait-on du « masculinisme », en réponse au pouvoir dominant de la femme dans la société? Quand je regarde la place des femmes et des hommes dans la société nord-américaine d’aujourd’hui, je me dis que plus les choses changent, plus c’est pareil. Les femmes ont acquis des droits, certes, elles ne sont plus confinées dans un rôle de mère, mais il existe encore des iniquités entre les sexes et je me demande si ça a vraiment lieu d’être.

La femme est-elle vraiment le sexe faible?

Dans son livre Le sexe fort n’est pas celui qu’on croit, Susan Pinker affirme que l’homme est plus vulnérable que la femme, sur les plans biologiques et psychologiques. Elle soulève un point intéressant en disant que lors des luttes féministes des années 1960 et 1970, les femmes ont dû affirmer qu’elles étaient pareilles aux hommes pour tenter de gagner les mêmes droits, mais qu’aujourd’hui elles y sont coincées. Les hommes n’ont pas beaucoup à concilier travail-famille, tandis que les femmes, qui travaillent autant que les hommes, parfois plus, doivent tout faire ; travailler, élever leurs enfants, passer du temps avec eux. Certains me diront que de plus en plus d’hommes restent à la maison pour s’occuper des enfants pendant que la femme travaille, mais il n’en demeure pas moins qu’une femme qui ne voit ses enfants qu’en pyjamas le soir, avant qu’ils aillent se coucher, se sentira coupable de travailler autant.

Et après, on se demande pourquoi les femmes ne font plus d’enfants!

Non, elles ne sont pas toutes carriéristes, elles ne sont pas toutes lesbiennes refoulées, sans cœur ou égoïstes! On ne peut même pas imaginer toutes les étiquettes accolées à une femme qui affirme sans complexe ne pas vouloir d’enfants! Et après, on essaye de se convaincre que les choses changent, que les mœurs évoluent!

Non, la femme n’est pas compliquée, elle tente simplement d’être ce que la société attend d’elle!

(593 mots)

jeudi 15 octobre 2009

Chronique 1

Parenthèse théâtrale

Soir de représentation de la pièce Quatre à Quatre, de Michel Garneau, à la Bordée. Le public? Majoritairement composé de jeunes, parsemé de quelques personnes plus âgées et de professeurs de français et littérature. Une cohue règne dans la salle. Les lumières s’éteignent. Soulagée, je me dis qu’enfin le public se taira. Illusions vite découragées. Aussitôt que les comédiennes s’installent sur la scène, les bruits ambiants dans la salle me font déjà tendre l’oreille. En avant de moi, la lumière vive du cellulaire d’une étudiante en train de composer un message texte me distrait de ce qui se passe sur scène. En biais, une autre joue avec ses feuilles avant de croquer à belles dents dans une pomme. Craquements de croustilles, vibrations de cellulaires, jacassements incessants et même, comble de l’impolitesse, bruit de gros french derrière moi!

C’en est trop!

Faut-il que les professeurs remplacent les parents dans l’apprentissage du comportement en société? Il semblerait que les professeurs qui envoient leurs élèves voir des pièces de théâtre devront désormais jouer aux autorités dans ce domaine aussi. Comme s’ils n’avaient pas assez de devoir jouer à la police anti-cellulaire, anti-bavardage et presque anti-étudiants, ils devront maintenant inculquer aux jeunes le respect des consignes de base au théâtre?

Ce rôle ne leur revient pas.

En sortant de la salle de spectacle, je bouillonnais. Les parents de ces étudiants ne les ont jamais sortis? Avec tous les efforts mis dans les spectacles pour enfants et dans leur promotion, ce n’est plus un public restreint d’intellectuels guindés et leurs rejetons prodiges que l’on vise, mais bien monsieur et madame tout-le-monde, au budget restreint ou pas. Le problème se situe là, à la racine. Si les parents n’ont jamais amenés leurs enfants en bas âge à des endroits où le silence et le respect sont de mise, comment ceux-ci peuvent-ils l’avoir appris? Ainsi, rendue au secondaire et même au Cégep, la progéniture si brillante montre une certaine inaptitude à se conduire en public. Oh bien sûr, je ne dénigre pas les capacités intellectuels de ces jeunes, je ne doute pas qu’ils iront loin… mais peut-être pas jusque dans une salle de théâtre.

Ainsi, on peut se demander comment se portera la culture de notre société plus tard.

Le public dans les salles de théâtre vieillit tranquillement, il a pris sa retraite, ses cheveux ont blanchi et il laisse désormais son dentier dans un verre avant d’aller dormir. Ce public ne sera plus là dans 30 ans, notre génération aura pris la relève. Bien sûr, quelques jeunes s’intéressent au théâtre pour le simple plaisir qu’il procure et non pas pour la dissertation qu’ils auront à rédiger, mais est-ce une majorité? J’en doute. Aurons-nous encore des émissions culturelles dans 30 ans? Est-ce que les jeunes ne sont pas en train de s’abrutir devant leurs télévisions à regarder des émissions de téléréalité à deux sous alors qu’ils pourraient cultiver leur imagination et découvrir les œuvres phares du théâtre d’ici et d’ailleurs?

Je m’inquiète.

En sortant du théâtre ce soir-là, j’avais un goût amère en tête ; celui d’une défaite prochaine. Je suis férue de théâtre depuis toujours et je crains sa disparition dans les prochaines décennies. Qu’aurons-nous pour s’évader de notre monde sans le théâtre? Qui pourra collisionner sur une scène les imaginaires tordus et beaux des gens de théâtre? Et qui, enfin, voudra bien dresser les voiles de ce bateau somptueux si personne ne veut plus monter à bord?

«Le théâtre, c’est la vie ; ses moments d’ennui en moins.» -Alfred Hitchcock-


(585 mots)

dimanche 11 octobre 2009

Introduction

Bonjour à tous!
Petit message d'introduction à ce blog. Étudiante en littérature, je publierai sur ce blog des chroniques sur divers sujets. Je suis en quelque sorte la "vieille fatigante qui chiale", mais aussi celle qui voit des choses qui la choquent et qui profite de cette tribune pour en parler. Sur ce, merci à tous de votre visite et bonne lecture!
Roxane